DCNS Brest : dissuasion, export et énergies marines

Premier employeur de la pointe Bretagne, avec 2 800 salariés, DCNS Brest a mis en œuvre des leviers pour gagner en agilité sur des marchés fortement concurrentiels, tout en soignant sa relation client avec la Marine nationale.

Dominique Sennedot, directeur général de DCNS Brest, a fait le point fin février sur les challenges des prochaines années. La majorité de l’activité brestoise repose sur la force de dissuasion, 60 % de son activité. Mais la contraction des budgets de la Défense oblige aux économies* tout en accélérant la diversification.

Stratégie à l’export

Entretien des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), arrêts techniques majeurs, tous les dix ans, et « Iper-adapation » aux missiles M51 occupent une bonne part des activités brestoises. Ce savoir-faire s’exporte, comme en Malaisie et en Inde actuellement. Hervé Guillou, le pdg, a d’ailleurs fixé comme objectif de réaliser 50 % des 5 milliards de contrats de DCNS à l’international en 2025. Le groupe a répondu à l’appel d’offres de l’Australie pour un contrat majeur de construction/entretien de SNLE.
 « Le SNLE est le produit le plus complexe du monde, précise Dominique Sennedot, et DCNS participe à sa conception, son entretien et sa déconstruction/destruction. »
S’ensuit l’activité d’entretien des bâtiments de surface, pour 7 % du plan de charge : 3 frégates anti sous-marines (FASM), 2 frégates multi-missions (Fremm), Le Monge, 8 chasseurs de mines tripartites (CMT). « Il n’y aura plus de construction de très gros navires à Brest ce qui n’exclut pas la construction d’éléments de navires. »

Un accompagnement des PME


Le groupe DCNS s’appuie sur un réseau d’entreprises sous-traitantes. « Nous comptabilisons 150 millions d’euros d’achats auprès d’entreprises du Finistère et du Morbihan. Le site DCNS Brest a environ une centaine de prestataires et sous-traitants, toujours principalement du 29 et du 56. La Défense a un impact auprès de l’écosystème de la pointe bretonne. »
En 2015, le groupe a initié un plan de diversification des activités avec ses sous-traitants, afin qu’elles soient en mesure de compenser toute baisse de sa propre activité. « Cela fait partie de notre rôle de maître d’œuvre que de les accompagner dans cette démarche. Navtis* en est un bel exemple. »

Diversification dans l’énergie marine

Autre voie de développement à fort potentiel, les énergies et infrastructures marines. Son bâtiment du Froutven concentre désormais sa matière grise en EIM (330 salariés). S’appuyant sur son savoir-faire en ingénierie sous-marine, DCNS a conçu les deux hydroliennes expérimentales de Paimpol-Bréhat pour EDF. La première va être raccordée cette première semaine de mars, la seconde posée avant l’été et raccordée en été. Ceci en prévision de deux fermes commerciales : au Raz-Blanchard en Normandie, avec EDF, et au Canada (2e trimestre 2016).
Une position de leader mondial qui profiterait aussi à Brest, selon le directeur général : « Tout le savoir-faire intellectuel est à Brest ; il y a un fort potentiel de développement des énergies marines renouvelables ici, notamment dans l’énergie thermique des mers et les éoliennes flottantes. » Sur ce premier point, DCNS bâtit son modèle économique en démarchant les îles du monde.
Sur les éoliennes flottantes, il travaille en partenariat avec General Electric/Alstom sur un système intégré d'éolienne flottante (6MW).
« A terme, si des fermes commerciales d'éoliennes flottantes voient le jour sur la côte atlantique, Brest sera le port d'attache pour l'assemblage et la maintenance des machines. DCNS investit beaucoup et attend de l’Etat qu’il mette sa part pour être prêt à temps », en 2019-2020. « La concurrence internationale est très forte sur le sujet », souligne Dominique Sennedot. Il a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt du Gouvernement et de l’Ademe, pour un projet au large de l’île de Groix. La réponse est attendue cet été.

*Navtis Bretagne Sud, basé à Brest, a repris Timolor en Morbihan et a signé un contrat avec Piriou (Concarneau).

DCNS Brest est membre du Pôle Mer Atlantique, de Bretagne Pôle Naval, du conseil d'administration d'Investir en Finistère.